Moaffaq al-Roubaï, Conseiller à la sécurité nationale irakienne, faisait partie des quelques personnalités qui ont assisté à l'exécution de Saddam Hussein. "Saddam est monté calmement à la potence, il était résolu et courageux", a-t-il raconté à la télévision nationale Iraqia. "Il n'a pas essayé de résister, n'a rien demandé. Il tenait un Coran dans sa main qu'il a souhaité envoyer à une personne. Des gens ont pris le nom du destinataire du Coran et promis de l'envoyer. A un moment, il a tourné sa tête vers moi comme pour me dire : 'n'aie pas peur', c'était une sensation très bizarre".
Une fois sur le gibet, selon Moaffaq al-Roubaï, Saddam Hussein "a refusé qu'on lui mette une cagoule sur la tête. Il y a eu un bref face-à-face, et l'autre a cédé", laissant le visage du supplicié découvert. "On lui a demandé de réciter une ultime profession de foi", complète Sami Al-Askari, un collaborateur du Premier ministre irakien. "La corde lui a ensuite été passée autour du cou, ses mains liées, et il a été immédiatement exécuté". La trappe s'est ouverte, "son corps est tombé soudainement dans le trou. Il est mort sur le coup".
Saddam Hussein pourrait être enterré hors d'Irak
L'exécution s'est déroulée en dehors de la "zone verte", secteur ultra-protégé de Bagdad où siègent les principales institutions irakiennes, selon le Conseiller à la sécurité nationale. Le lieu choisi pour la pendaison était une caserne des services de renseignements militaires irakiens à Kadhamiya, dans le nord de la capitale. "C'était un processus 100% irakien. Il n'y avait que des Irakiens, aucun étranger. Les Américains sont restés hors du lieu de l'exécution, aucun américain n'était présent", a tenu à souligner Moaffaq al-Roubaï.
Les derniers mots de Saddam Hussein avant de marcher au gibet ont été rapportés par Mounir Haddad, juge à la cour d'appel du Haut tribunal pénal irakien. "Saddam a dit : J'espère que vous resterez unis et je vous mets en garde, ne faites pas confiance à la coalition iranienne, ces gens sont dangereux. Il a ajouté qu'il n'avait peur de personne". L'ancien président semblait viser la coalition à dominante chiite au pouvoir, que beaucoup de sunnites considèrent comme une émanation de l'influence de l'Iran... Un appel à l'unité des Irakiens, alors que beaucoup craignent une flambée de violences après cette exécution, repris sous une autre forme par le Conseiller national à la sécurité : "J'appelle tous les Irakiens à rester unis et à oublier ce chapitre de l'histoire de l'Irak", a lancé Moaffaq al-Roubaï. "Nous devons désormais vivre ensemble, cette page de l'histoire est tournée (...). Le symbole du despotisme s'en est allé".
D'après Moaffaq al-Roubaï, le corps du condamné "pourrait être remis à sa famille pour être enterré". Il pourrait être transféré hors d'Irak, a indiqué pour sa part l'un de ses avocats Najib al-Nouaimi à la télévision Sky News. S'exprimant en anglais par téléphone, il a expliqué que la décision revenait à la famille de l'ancien dictateur. L'avocat a assuré qu'il n'était pas à sa connaissance prévu que le corps de Saddam Hussein soit enterré dans sa ville natale de Tikrit.
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