Avant de devenir de véritables stars de la scène indus et métal, les six larrons de Rammstein ont essuyé les accusations que peut subir un groupe de rock lorsque celui-ci mêle guitares gros calibres, textes en allemand et provocations portant à confusion. En effet, le groupe berlinois n’a pas toujours fait dans la finesse, que ce soit dans leur musique, leurs clips ou dans leur attitude, en arborant look militaire, images violentes et paroles à brut. Mais Rammstein a toujours contesté ces accusations et affirment au contraire être totalement en opposition avec des idées d’extrême droite. Plus provocateurs que politiques, mélancoliques que nihilistes, Rammstein a fini par se faire comprendre et réussi à séduire le public rock du monde entier sans troquer l’allemand pour l’anglais.
Tout commence le 28 août 1988 quand un accident aérien lors d’un meeting provoque la mort de plus de 70 personnes sur la base américaine de Rammstein, près de Saarbrücken. Ce terrible incident traumatise toute l’Allemagne et notamment six musiciens d’ex-Allemagne de l’Est vivant à Berlin. Ces derniers composent alors une chanson sur cet événement dramatique et qu’ils appellent tout naturellement « Rammstein ». Le groupe décide ensuite de prendre le nom de ce lieu tragique.
« Herzeleid », le premier album de Till (chant), Flake (clavier), Olli (basse), Schneider (batterie), Richard et Paul (guitres) qui sort en 1995, fait sensation en Allemagne auprès des fans de métal et d’indus avec une musique inspirée de Kiss, Oomph ! (groupe de rock allemand) et de NIN, mêlant des gros riffs de guitares à des sons électro. C’est grâce à David Lynch que Rammstein va se faire ensuite remarquer dans toute l’Europe. En effet, le réalisateur ajoute deux titres extraits de « Herzeleid », «Rammstein» et «Heirate mich» sur la bande originale de « Lost Highway ».
Mais c’est en 1997, avec leur second opus, « Sehnsucht », que Rammstein atteint la consécration en Allemagne, puis en Europe, et séduit un public de plus en plus vaste, adeptes de leurs concerts spectaculaires. Rammstein se lance alors dans la conquête du marché américain, et prévoyant, enregistre deux morceaux en anglais. Or, le groupe n’a même pas besoin de changer de langue puisque c’est avec des chansons chantées en allemand que les berlinois explosent aux USA, aidés cependant par le groupe Korn qui les convient sur leur show, "Korn Campaign". « Live aus Berlin » paraît ensuite en 1999 et retransmet parfaitement l’intensité des concerts de Rammstein. Entre temps, on peut de nouveau retrouver Rammstein au cinéma puisque le célèbre « Du Hast », extrait de « Sehnsucht » est présent sur la BO de Matrix.
En 2001, Rammstein remet le couvert et sort une troisième galette plus mélodique, « Mutter », qui fait un véritable triomphe et où le groupe explicite notamment son point de vue politique, affirmant que son cœur "bat à gauche". Forts de ces succès qui s’enchaînent, le groupe publie ensuite coup sur coup « Reise Reise » (2004) et « Rosenrot » (2005).