Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a tiré lundi lors d'une conférence de presse un bilan de la politique de l'immigration qu'il mène depuis 2002. Premier constat effectué par Nicolas Sarkozy : "beaucoup reste à faire". Le numéro deux du gouvernement a ainsi souhaité "la nomination d'un ministre chargé de l'immigration qui sera à la tête de toutes les administrations responsables de ce dossier".
Nicolas Sarkozy, qui avait annoncé en début d'année un objectif de 25.000 reconduites à la frontière pour les migrants en situation illégale, a déclaré que ces reconduites "ont doublé en trois ans, passant de 10.000 en 2002 à 20.000 en 2005". "Elles vont atteindre 24.000 en 2006 pour la seule métropole" a-t-il ajouté précisant qu'"outre-mer, le nombre de mesures d'éloignement a doublé en 2006 et devrait dépasser 22.000". Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs indiqué que le nombre des bénéficiaires de l'aide au retour - 3.500 euros pour un couple, plus 1.000 euros par enfant - avait doublé en un an pour atteindre le chiffre de 2.000 personnes en 2006.
"Des droits et des devoirs pour les Etats et pour les migrants"
Le candidat à l'élection présidentielle a par ailleurs estimé "urgent d'ouvrir le grand chantier d'un traité sur les migrations internationales". Le ministre devrait en dévoiler "les premiers éléments et le contenu lors d'un prochain voyage en 2007", a-t-il ajouté, sans préciser s'il s'agirait d'un déplacement ministériel ou de candidat en campagne présidentielle.
Rappelant que la "communauté internationale s'est organisée pour coopérer dans la gestion des grands enjeux planétaires (développement, santé, environnement, sécurité aérienne, espace, droit du travail), curieusement, les migrations internationales ne font l'objet d'aucune régulation à l'échelle mondiale et sont abandonnées au chaos planétaire", a regretté Nicolas Sarkozy. Or, selon lui, puisque "la question des migrations concerne le monde entier, par définition", il lui paraît "invraisemblable" qu'elle ne fasse pas l'objet d'un traité à cette échelle.
Sans entrer dans les détails de sa proposition, qu'il qualifie d' "ambition (qui) répond à un besoin évident", Nicolas Sarkozy a relevé que ce traité "comporterait des droits et des devoirs pour les Etats et pour les migrants". Enfin, a-t-il ajouté, "une Agence internationale des migrations serait chargée de veiller à l'application du traité".
Montebourg dénonce "l'idéologie néo-vichyssoise" de Sarkozy
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Le ministre de l'Intérieur "porte en bandoulière une forme d'idéologie néo-vichyssoise qui a produit des résultats totalement contraires à ce qu'il avait annoncé" en matière d'immigration, a dénoncé lundi le socialiste Arnaud Montebourg. Le porte-parole de Ségolène Royal, a souligné qu'entre 1998 et 2002 (gouvernement Jospin), "545.356 premiers titres de séjour" avaient été délivrés et "entre 2002 et 2005, en quatre ans de gouvernement Sarkozy, 656.141". Selon le député PS de Saône-et-Loire, "cela démontre qu'il est possible de maîtriser l'immigration sans porter atteinte aux valeurs de la République comme l'a fait Nicolas Sarkozy". Le ministre de l'Intérieur "s'est livré pendant tout l'été et tout l'automne à la chasse aux enfants étrangers, a subi un rappel à l'ordre de la conférence des évêques, portant ainsi en bandoulière une forme d'idéologie néo-vichyssoise, qui en plus a produit des résultats totalement contraires à ce que le ministre de l'Intérieur avait annoncé", a-t-il ajouté.
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