L'affaire fait scandale en Angleterre et jusqu'en Inde où des manifestants ont défilé mercredi pour soutenir la candidate humiliée dans Big Brother, une émission de télé-réalité très populaire en Angleterre. Dans cette émission, neuf participants sont filmés dans un appartement 24 heures sur 24 avec pour seul objectif de faire éliminer les autres pour rester seul et gagner au final.
A l'origine du scandale : les insultes incessantes contre l'une des candidate d'origine indienne, Shilpa Shetty, 31 ans. La jeune femme a été montrée plusieurs fois en train de pleurer après s'être fait traiter de "chienne" ou encore critiquée sur sa manière de manger, de cuisiner. Ses colocataires lui ont aussi demandé si elle "habitait dans une cabane", ou encore affirmé que si les Indiens étaient minces, c'est qu'ils étaient souvent malades, faute de cuire assez leurs aliments.
Elle "retire" ses propos
Mercredi soir, près de 20.000 "plaintes" dénonçant la façon dont elle est traitée depuis le début de la nouvelle série le 3 janvier, avaient été reçues via internet par l'Ofcom, l'autorité indépendante régulatrice des médias britanniques. Channel 4 en a reçu quelque 2.000 autres, et la police a même fait état de "menaces" contre certains participants de l'émission.
Contrainte par la production ou pas, Shilpa Shetty a déclaré jeudi lors d'un entretien dans le cadre de cette émission : "Je ne pense pas qu'il y avait de la discrimination raciale à mon encontre". Elle a estimé que le comportement de Jade Goody, l'un de ses colocataires particulièrement agressive à son endroit, était dû à "beaucoup d'insécurité. Mais cela n'a définitivement pas un aspect racial", a poursuivi Shilpa Shetty, qui a "retiré" ses propos de mercredi, où elle avait à l'inverse estimé être victime de racisme.
Blair, Brown et Livingstone interpellés
A la mi-journée, le Premier ministre Tony Blair s'est vu interpeller à la Chambre des Communes, où il a admis ne pas regarder l'émission, mais a pris soin d'affirmer son opposition au racisme "sous toutes ses formes". Et à des milliers de kilomètres de là, le ministre des Finances Gordon Brown, en voyage pour la première fois en Inde où l'affaire fait grand bruit, a dénoncé "tout ce qui nuit" à l'image d'un Royaume-Uni "juste et tolérant".
Deux autres ministres britanniques se sont publiquement indignés, tout comme le maire de Londres Ken Livingstone, et mercredi soir l'affaire prenait une dimension diplomatique: à New Delhi, le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Anand Sharma, a fait savoir que le gouvernement indien "étudierait tous les aspects" de cette affaire et "agirait de manière appropriée".
"Un clash culturel"
Channel 4, avait dès mardi fait savoir qu'elle prenait "extrêmement au sérieux", tout comme le producteur Endemol, "les questions d'abus racial". Mais la chaîne avait défendu un programme qui montre "l'interaction sociale" des participants. Dans un communiqué diffusé mercredi soir, elle a affirmé qu'il n'y avait "pas eu d'injures ou de comportement racistes manifestes" visant Shilpa Shetty, précisant que les comportements racistes "sans amiguité" n'étaient pas tolérés dans l'émission. La chaîne a toutefois admis qu'il y avait "sans aucun doute un clash culturel et de classes entre elle et trois des filles britanniques."
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