La presse et de nombreux dirigeants réagissent avec prudence à la nouvelle stratégie du président américain, prévoyant le renfort de 20 000 hommes.

Le gouvernement irakien et les alliés des Etats-Unis sont en revanche satisfaits.

Au mieux du scepticisme pour la presse américaine, au pire une nouvelle preuve pour les journaux européens de l'obstination dans l'erreur de George W. Bush : comme on pouvait s'y attendre, les réactions sont très mitigées après le discours du président américain. Dans son allocution télévisée, le locataire de la Maison-Blanche a annoncé l'envoi de plus de 20.000 soldats en renfort en Irak, essentiellement pour tenter de stabiliser Bagdad et a sommé le gouvernement irakien d'agir avec plus de détermination contre la violence. Aux Etats-Unis, le sénateur démocrate Joseph Biden, président de la commission des Affaires étrangères, parle d'"erreur tragique".

"Pari risqué" ou "effronterie" ?

Pour le Washington Post, ce plan est "très risqué" et "de nature à provoquer une hausse des pertes américaines, alors que les chances qu'il puisse stabiliser l'Irak sont beaucoup moins grandes". "Il pourrait même déclencher une phase de la guerre beaucoup plus dangereuse, préfigurant des mois de combats dans la capitale", ajoute le quotidien. Son grand concurrent, le New York Times, estime pour sa part que le président fait "le parti calculé" que l'opinion publique américaine lui donnera du temps pour inverser le cours de la guerre. Il souligne que le pari concerne également l'attitude du parti démocrate, qui n'aura pas, malgré son opposition, "le cran de bloquer le plan en refusant l'argent nécessaire pour la guerre".

A Londres, le Daily Telegraph évoque aussi un "pari", mais en le qualifiant de "dramatique". "Bush est hardi dans sa quête de succès en Irak, on ne peut pas nier son courage politique du président", note le quotidien conservateur. L'audace de l'initiative est également relevée par le Times, qui titre : "Un dernier coup de dés: Bush joue le tout pour le tout avec 22.000 soldats supplémentaires". "La nouvelle stratégie en Irak implique des risques sérieux, mais est meilleure que l'alternative, c'est-à-dire un retrait rapide des troupes", remarque-t-il. L'Independent, très hostile à la guerre, voit de son côté "un pari d'une effronterie incroyable envers les électeurs, les politiciens et même les généraux". "La marche de la folie continue...", assène-t-il.

"Dans l'intérêt des Irakiens"

Côté diplomatie, sans surprise, les pays opposés à la guerre sont critiques, l'Allemagne et la France en tête. Pour Philippe Douste-Blazy, "au delà des propositions qui viennent d'être faites, la seule solution pour que l'Irak retrouve sa stabilité, sa souveraineté, son intégrité territoriale et son unité nationale passe avant tout par la participation de toutes les composantes civiles, politiques et religieuses à la vie de la société". Sans surprise également, les pays alliés aux Etats-Unis -Royaume-Uni, Japon ou encore Australie- saluent en revanche les projets du président américain.

Quant au principal intéressé -le gouvernement irakien-, il affirme n'avoir "pas d'objection" à l'envoi de troupes supplémentaires en Irak, estimant que ce renfort était "dans l'intérêt des Irakiens".