Des femmes bien sous tous rapports. Pour leurs connaissances -famille, amis, voisins-, les cinq prostituées tuées près d'Ipswich ces derniers jours étaient des filles normales. Elles avaient été contraintes de vendre leurs corps à l'insu de leurs proches pour subvenir à leur consommation de drogues.
Trois d'entre elles avaient ainsi des enfants. Anneli Alderton, 24 ans, était la mère d'un fils de cinq ans, Freddy, avec qui elle vivait dans la ville voisine de Harwich. Un ami anonyme de sa mère a confié au Times : "c'était vraiment la dernière personne que j'aurais soupçonné faire ce type de travail". "Des amis lui ont donné du crack quand elle avait 13 ans environ, et elle s'est tournée vers la prostitution", explique une autre amie. Annette Nicholls, 29 ans, qui avait reçu une formation d'esthéticienne, était pour sa part mère d'un fils de 8 ans, Farron, et parlait d'ouvrir un commerce. "Subitement elle est tombée sous l'emprise de l'héroïne et cela l'a changée complètement", indique sa cousine au Daily Mail.
Paula Clennell, dont le corps a été retrouvé mardi, et qui selon le Guardian était mère de trois petites filles, avait reconnu ce week-end sur la chaîne ITV qu'elle prenait des risques en continuant à travailler alors que l'on recherchait un tueur en série. Mais "j'ai besoin d'argent", avait-elle déclaré, sans montrer son visage aux caméras. Ce n'est d'ailleurs qu'après sa mort que son père, divorcé, a appris comment sa fille gagnait sa vie. "Nous n'avions jamais remarqué qu'elle avait des problèmes (...) elle est juste tombé dans un mauvais milieu", a-t-il dit au Daily Telegraph.
Gemma Adams, 25 ans, avait grandi dans une grande maison aux alentours d'Ipswich. Employée par une société d'assurances, elle avait perdu son emploi il y a deux ans en raison de sa dépendance au crack et à l'héroïne. Tania Nicol, 19 ans, était quant à elle passionnée par les arts martiaux et se prostituait également à l'insu de ses parents.
"L'enfant d'entre nous"
"On a entendu très peu de condamnations à l'encontre des filles. Il y a beaucoup d'innocence, celles qui se sont éloignées ne sont jamais parties bien loin", observe Andrew Dotchin, prêtre anglican de la paroisse. A Ipswich, peu d'habitants ont en effet permis à leurs réticences morales de prendre le pas sur le sentiment d'horreur et de dégoût face aux crimes. "Tout le monde comprend que c'est l'enfant de l'un d'entre nous, les gens ne regardent pas ce qu'elles faisaient, il y a une famille en jeu", relève le prêtre.
Un journal régional a créé un fonds "La fille d'un autre" pour empêcher les femmes de tomber dans la prostitution et la ville a mis à disposition un livre de condoléances à la mairie.
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